PROFANATION - Tribune de M. Bernard Loing, Président de D-DAY HERITAGE

PROFANATION - 5 septembre 2014

M. Bernard Loing, Président de D-DAY HERITAGE"

Il est dans le monde des lieux sacrés et protégés, que nul ne doit profaner.

Certains sont des lieux de culte célébrés parfois par d’immenses communautés. Des millions de fidèles se retrouvent ainsi au Hadj à la Mecque, aux cérémonies de Pâques devant Saint Pierre de Rome, ou sur les rives du Gange pour un bain purificateur. Plus universellement encore, les cimetières sont des lieux sacrés où chacun retrouve et honore ses morts, qu’il s’agisse de destins individuels ou de destins collectifs.

D’autres sont de hauts monuments de la civilisation humaine, comme le Parthénon, devenu au fil des siècles symbole de progrès et de démocratie. D’autres enfin sont des lieux de combat et d’actions héroïques menés pour défendre ces mêmes valeurs. Les deux guerres mondiales ont été le théâtre de tels événements.

Le plus emblématique est sans doute le Débarquement de juin 1944 sur les plages de Normandie, moment décisif de la Seconde Guerre mondiale, jalon de l’histoire du 20ème siècle dans la lutte contre la tyrannie pour rétablir les valeurs suprêmes de liberté et de démocratie. A certains égards, il marque l’acte de naissance des grandes institutions mondiales. Au prix d’un gigantesque effort de préparation et de mise en place, des milliers de bateaux surgirent à l’aube du 6 juin, porteurs d’espoir et de liberté, avec à leur bord des dizaines de milliers d’hommes très jeunes venus du monde entier, prêts à sacrifier leur vie.

De tels lieux ne sont pas moins sacrés. Le monde rend un hommage unanime à leur mémoire et des foules s’y rassemblent avec ferveur comme récemment aux cérémonies du 70ème anniversaire. Les Plages du Débarquement – Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword – avec les sites des plus durs combats, batterie de Longues, Pointe du Hoc, port d’Arromanches, font l’objet d’une demande d’inscription par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité, acte de reconnaissance légitime pour assurer respect et conservation.

Par les sacrifices et par le sang versé, dont le sable garde encore la mémoire, ces plages sont des sanctuaires inviolables. Elles le sont aussi par le symbole qui les unit toutes et qu’il faut préserver à tout prix, celui de l’horizon marin, balayé par le vent de la liberté, franchi un matin au péril de leur vie par les combattants venus délivrer le monde de la barbarie nazie. Le vent qui souffle sur ces Plages doit rester sans contraintes et l’horizon demeurer libre et intangible, hors de toute profanation. Rien ne doit venir barrer cet horizon sacré.

Dans ce monde du relatif et du profane, levons nous pour rappeler les exigences de l’absolu et du sacré.

Bernard LOING

Président de l’association D-Day Heritage