M. Villani, enseignez la règle de 3 à vos homologues sénateurs !

Arromanches, le 20 mars 2018

Certains les trouvent belles, d’autres pensent qu’elles abîment le paysage. Certains les considèrent indispensables à la lutte contre le réchauffement climatique, d’autres privilégient l’énergie solaire ou même le nucléaire. Certains trouvent le sujet essentiel, d’autres s’en désintéressent totalement. Concernant les éoliennes, tous les goûts sont dans la nature.

Sur l’aspect économique du sujet en revanche, il est assez étonnant d’avoir uniquement une approche qualitative, voire affective : "c’est un investissement pour plus tard", ou encore "ça crée des emplois".

Le débat au Sénat du 14 mars 2018 était à cet égard édifiant. Argumentant sur la possibilité ou non de renégocier à la baisse les prix des contrats éoliens en mer conclus en 2012 et 2014, voire de les annuler, les parlementaires ont parlé de tout sauf de prix et de rendement.

De quoi parle-t-on au juste ? Du montant de la subvention publique sur 20 ans de 40,7 milliards d’euros, accordée par l’Etat aux six premiers projets éoliens en mer dont la construction n’a pas commencé.

Tour à tour, les représentants des différents groupes avancent leurs arguments : "mettre en cause des contrats passés est inquiétant", "signal désastreux", "750 emplois au Havre", "1 860 emplois en Bretagne", "100 emplois pendant 25 ans dans le Calvados", "insécurité sans précédent qui ruinera la confiance des investisseurs", "avancées technologiques", etc.

Tous ces arguments sont exacts, sérieux, le sujet n’est pas aisé. On est content d’avoir des parlementaires qui se penchent sur la question et se demandent ce qui est le plus sage pour notre pays. C’est leur rôle en fin de compte...

Qu’à-t-on vu au final ? Une pièce de théâtre (sans spectateurs), avec ses postures et ses exclamations : "C’est vrai !", "Oui, c’est grave !", "Très bien !".

On se serait crû dans un scène de Labiche, aux costumes près. La seule grande différence est que fin XIXème, les parlementaires maîtrisaient la règle de 3, à force de résoudre des problèmes de baignoires qui se vident et de trains qui se croisent, pour passer le certificat d’études.

Rapprocher les 40,7 milliards de subvention publique - montant qui ne parle à personne - aux emplois créés par cette filière n’est pas inutile ; les industriels nous rappellent à grand coup de page de publicité dans les journaux cette semaine la promesse des 15 000 "emplois créés", le mot magique ! Il ne doit pas nous éblouir pour autant, ni interdire toute réflexion sur les proportions.

La bonne règle de 3 nous indique que nos impôts subventionneraient chaque emploi créé à hauteur de 133 000 EUR par an pendant 20 ans !

Que chaque lecteur se demande combien il pourrait créer d’emploi dans son entourage ou dans son entreprise, avec une telle subvention, renouvelée vingt ans de suite !

Comment même M. Retailleau, président du groupe parlementaire LR au Sénat, peut-il ne pas faire ce raisonnement basique, tout en prônant une saine gestion des deniers publics ? Le renouvellement récent de l’Assemblée Nationale a fait la part belle à la société civile qui, venant de l’entreprise, a peut-être appris à compter. Nous y avons même Cédric Villani qui souhaite renforcer l’apprentissage des mathématiques en primaire.

De grâce M. Villani, ajoutez dans votre programme l’enseignement de la règle de 3 aux sénateurs !